Bilan de la campagne de pâturage 2023
L’année fourragère qui se termine nous laisse une impression globalement favorable, avec des hauts et des bas. Quelques précipitations souvent salutaires ont permis de préserver les repousses, mais une complémentation fourragère a souvent été nécessaire.
Retour les résultats mesurés par le groupe herbe FC, régulièrement publiés sous la rubrique météo de l’herbe.
Météo : on a eu chaud !
Au sens propre comme au sens figuré, on a effectivement eu chaud avec des records de températures qui ont été régulièrement battus. Les épisodes pluvieux sont arrivés juste à temps pour préserver ou relancer la végétation.
Au regard des données Météo France pour la région BFC (cf. graphique source Agreste – Draaf BFC),
Les températures entre août 2022 à août 2023 ont régulièrement dépassé les normales avec des vagues de chaleurs totalisant de 16 à 19 jours selon les départements, dont une canicule du 17 au 24 août. L’été 2023 se classe au 4ème rang des étés les plus chauds depuis 1900, derrière les étés 2003 (+ 2,7 °C) et 2022 (+ 2,3 °C), et quasiment au même niveau que l’été 2018 (+ 1,5 °C). Les précipitations (RR) ont été très irrégulières avec un déficit de 12 % sur les mois de juin à août. Heureusement elles sont tombées au bon moment pour les prairies qui ont moins viré au « paillasson », mais il était temps !
Des croissances d’herbe bouleversées
A quelques jours de la fin des mesures d’herbe (herbomètre), les courbes de croissance sont ici présentées et commentées pour la saison sur trois secteurs d’altitude différents et deux types de sols (superficiel et profond)
➢ En plaine, les croissances d’herbe observées au travers du réseau de mesures du groupe herbe F-Comté affichent des niveaux légèrement supérieurs aux moyennes de printemps, avec des sols profonds pénalisés par les excès d’eau et un réchauffement plus lent. Fin mai-début juin, donc plus tôt que lors des années sèches précédentes, les croissances sont freinées par le desséchement des sols, accentué par la bise. Les précipitations de fin juin permettent un léger sursaut de croissance. Les pluies de fin juillet sont également bénéfiques au maintien du verdissement. Les croissances sont faibles début septembre et le dessèchement s’active à nouveau lors d’une vague de chaleur. Quelques précipitations vont relancer une croissance modérée début octobre.
➢ Sur les plateaux, les conditions de printemps plutôt fraiches et humides ont perturbé les croissances en mars-avril, avant une courte explosion de la végétation en mai, suivies d’une nette régression début juin avec la bise et le retour du sec. Quelques précipitations fin juin contribuent au reverdissement mais les croissances restent faibles. Fin juillet les repoussent sont relancées à la suite des pluies, avant le retour de la canicule à partir de la mi-août. Les chaleurs de début septembre freinent à nouveau les croissances. Les précipitations de la mi-septembre (20 à 25 mm) vont relancer la croissance sur la fin du mois.
En montagne, le début de saison est également à la peine avec une forte progression en avril et un pic très élevé en mai. Un déclin des croissances est également observé début juin avec près d’un mois sans précipitations, dont le retour arrive fin du mois. Les prairies restent vertes mais peu productives en août avec la canicule. Le pâturage des regains prend le relai. Bon redémarrage fin août avant l’arrivée d’une vague de chaleur début septembre. Également quelques pluies à la mi-septembre pour réactiver les croissances en fin de mois et sur le début octobre.
Une saison fourragère globalement satisfaisante
Après des rendements en 1ère coupe très bons, voire exceptionnels (+ 30 à 50 %) sur des périodes de fenaison favorables, assez courtes et ciblées, les premières repousses ont été limitées par le sec. Les fauches précoces ont parfois engendré des difficultés de conservation avec nécessité de sortir du foin échauffé des bâtiments, et même provoqué quelques sinistres.
Les deuxièmes et 3èmes coupes ont affiché des rendements inférieurs aux repères habituels en l’absence de précipitations suffisantes à la suite des épisodes de forte chaleur.
Globalement les bilans fourragers s’annoncent largement positifs, avec de bonnes récoltes fourragères, de foin en particulier et des stocks de regain qui devraient couvrir entre 60 et 100 % de besoins en regain.
Quels enseignements ?
Au-delà des dates de récoltes qui ont tendance à s’avancer au fil des années, les stades physiologiques des plantes restent liées aux repères des sommes de températures. L’observation au champ doit permettre de trouver le bon compromis entre rendement et qualité. Il convient d’y ajouter les facteurs de végétation comme la disponibilité en eau, les pratiques de fertilisation et les modes d’exploitation (hauteur de fauche ou de pâturage, temps de repousses…), sans oublier la chaîne de récolte.
Les années se suivent mais ne se ressemblent pas avec toutefois des productions fourragères de plus en plus interdépendantes des conditions météo conjuguant vagues de chaleur et précipitations limitées.
La ressource fourragère reste la clé de voute des systèmes herbagers pour assurer finalement leur efficacité technique et économique. Quelques maîtres mots font déjà ou feront la différence : cohérence, anticipation, observation, diversité, adaptation…
Rappelons que la pâture reste le système d’affouragement le plus économique… y compris en automne. Pensez toutefois à préparer une transition alimentaire avant la période hivernale.
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