Les primipares jurassiennes vêlent en moyenne à 34,6 mois d’âge. Ce qui peut-être considéré comme vêlage tardif. Du vêlage précoce au vêlage tardif, il existe plusieurs stratégies. La majeure partie des organismes conseillent de permettre un vêlage plus précoce des génisses afin d’améliorer l’expression de leur potentiel. Cependant, en système AOP, il est souvent compliqué de faire vêler tôt, en raison du cahier des charges qui restreint la quantité de concentré par UGB ainsi que les pratiques d’élevage
Les différentes stratégies d’âge au premier vêlage
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Le vêlage 24-28 mois
Le vêlage précoce commence à se développer de plus en plus en France. En effet, il y a de nombreux avantages techniques et économiques à des vêlage jeunes. Dans ce cas, il est nécessaire de soutenir une croissance importante dès la naissance. L’animal doit obtenir un GMQ égal à 900 g/j jusqu’à 6 mois, et entre 700 et 800 g/j jusqu’au vêlage. Il faut garder en tête que l’âge de la génisse n’a pas d’impact sur la puberté, alors que le poids vif est prépondérant.
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Le vêlage 30 mois
Le vêlage 30 mois est la stratégie de vêlage qui s’adapte à beaucoup de systèmes d’élevage. C’est un bon compromis pour les systèmes qui ne peuvent pas assurer une croissance importante de la naissance au vêlage. L’éleveur doit avoir pour objectif de croissance :
- – de 0 à 6 mois : 850 à 900g de GMQ
- – 6 à 21 mois : 580 à 630g de GMQ
- – 21 à 27 mois : 680 à 730g de GMQ
- – 27 à 30 mois : 800 à 850g de GMQ
Source : Fidolc.fr – 05/05/2004 POYET Jean Paul.
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Le vêlage 34 mois
Le vêlage tardif permet une croissance de l’animal plus longue. Il est souvent choisi par les éleveurs dont les systèmes fourragers “sont basés sur des surfaces importantes de pâturages en prairie naturelle” (Sources : Fidolc.fr – 05/05/2004 POYET Jean Paul). C’est donc la stratégie à laquelle adhèrent la plupart des éleveurs jurassiens. La croissance est plus souple et moins constante que celles étudiées ci-dessus. Nous obtenons donc des croissances ci-dessous :
- – 0 à 6 mois : 850 à 900g de GMQ
- – 6 à 12 mois : 550 à 650g de GMQ
- – 12 à 24 mois : 450 à 550g de GMQ
- – 24 à 33 mois : 350 à 450g de GMQ
- – 33 à 36 mois : 700 à 800g de GMQ
Source : Fidolc.fr – 05/05/2004 POYET Jean Paul.
Pourquoi faire vêler jeune ?
Plusieurs études ont démontré que faire vêler jeune impacte positivement la carrière de l’animal. Les différences apparaissent à plusieurs niveaux, que ce soit au niveau génétique comme sur la qualité du lait ou les performances laitières. L’OS Montbéliarde a réalisé une étude en 2012, qui démontre dans un premier temps qu’au niveau des index LAIT (Base 2011), il y a un gain de 238kg de lait entre la classe A (<24 mois) et la classe G (>39 mois).
Sources : OS Montbéliardes 2012/2013 – www.montbéliarde.org
Lorsqu’on s’intéresse au lait par jour de vie, le graphique ci-dessous, montre que l’on gagne presque deux fois plus de lait. De plus, il est également prouvé que les animaux réalisent des carrières plus longues, soit 0,82 lactation d’écart entre une génisse qui vêle à 24-28 mois et une génisse qui vêle à 39 mois.
Sources : OS Montbéliardes 2012/2013 – www.montbéliarde.org
Ce gain de lait se confirme dans le temps. Suite à « une étude de l’influence de l’âge au premier vêlage sur les productions laitières, les taux protéiques et butyreux, la morphologie et la longévité́ des génisses Montbéliardes du département de la Loire » (THOLLET, S. Mémoire du Diplôme de Responsable des Systèmes et de la Qualité en Production Animale, École Nationale Vétérinaire (Lyon) 2006 , 71 p.), nous pouvons voir que la classe 2 se démarque dès la deuxième lactation, mais c’est vraiment en troisième lactation que l’écart se creuse réellement.
Sources : THOLLET.S – ENV Lyon, 2006.
Concernant la morphologie, il y a souvent des inquiétudes quant au vêlage 24-29 mois. Alors, qu’une étude réalisée par l’OS Montbéliarde avait démontré :
- – Que le format adulte des vaches ayant vêlées précocément était comparable à celui des vêlages tardifs.
- – Que la qualité des aplombs était meilleure
- – Que la qualité des mamelles était très largement supérieure chez les femelles ayant vêlées jeunes pour la première fois.
Les impacts économiques
Même si le vêlage 30-33 mois est la stratégie la plus utilisée dans notre département, il est quand même intéressant d’un point de vue économique de faire vêler plus jeune. Lors d’une étude réalisée à la ferme expérimentale des Trinotières dans le Maine et Loire, il a été démontré que le vêlage 24 mois permet un gain d’environ 200€ par génisse.
Sources : Fidocl.fr – Age au vêlage des génisses, quelle stratégie choisir ?- Yves ALLIGIER, Loire Conseil Elevage.
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Le coût alimentaire :
Les charges alimentaires varient en fonction du type de fourrage distribué. En effet, la valeur économique de l’herbe est de 33€ la tonne de MS tandis que le foin est à 82€ la tonne de MS et l’ensilage de maïs 107€ la tonne de MS. Sachant qu’une génisse vêlant à 24 mois consomme 2 tonnes de MS de moins qu’une génisse qui vêle à 30 mois, la différence économique est très marquante.
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Les charges de travail et de structure :
Le coût alimentaire est plus facile à chiffrer. Mais dans le tableau ci-dessus nous pouvons voir que les charges structurelles et de travail sont le deuxième point où un gain d’argent peut être réalisé. En effet, les animaux restent moins longtemps dans les bâtiments ce qui réduit donc les charges de cet atelier. Nous obtenons au final un gain de 130€.
Pour conclure, il est intéressant de faire vêler les génisses jeunes. D’un point de vue économique comme technique, l’éleveur est gagnant. Mais comme nous l’avons rappelé, dans nos systèmes jurassiens il est compliqué de faire vêler à 24 mois. Le premier vêlage à 30 mois reste donc la meilleure alternative.
Sónia Teixeira, Conseillère technique d’élevage
sonia.teixeira@evajura.com
Sources :
- Fidolc.fr – 05/05/2004 POYET Jean Paul.
- OS Montbéliardes 2012/2013 – www.montbéliarde.org
- THOLLET, S. Mémoire du Diplôme de Responsable des Systèmes et de la Qualité en Production Animale, École Nationale Vétérinaire (Lyon) 2006 , 71 p.
- Fidocl.fr – Age au vêlage des génisses, quelle stratégie choisir ?- Yves ALLIGIER, Loire Conseil Elevage.
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