La plage de confort thermique d’une vache se situe entre 5 et 15°C. En dehors de cette plage de température son organisme devra fournir un effort d’adaptation qui sera d’autant plus important que l’ambiance sera humide.
Un indice température-humidité (THI en anglais pour Temperature Humidity Index) permet d’estimer la sensation de confort ou d’inconfort thermique d’une vache laitière en fonction de la température ambiante et de l’humidité relative de l’air :
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Selon une étude anglaise (Mader, T. L., Davis, M. S., & Brown-Brandl, T. (2006). Environmental factors influencing eat stress in feedlot cattle. Journal of Animal Science) parue dans un document d’Eurodairy (groupe d’échange entre éleveurs européens), dans les climats tempérés, le stress thermique diminue la production laitière journalière de 20 %, quand les valeurs du THI passent de 68 au printemps à 78 en été. Pour chaque point supplémentaire ajouté à la valeur du THI au-dessus de 69, on remarque une baisse de 0,4 kg de lait par vache par jour.
La perte de production est en effet la première conséquence observable en période de forte chaleur mais elle n’est pas la seule. Les répercussions se font aussi sentir sur le comptage cellulaire, le nombre de mammites cliniques, les paramètres de reproduction.
Déterminez le niveau de stress à la chaleur de vos animaux grâce au score de halètement :
Score : 1 normal – 2 stess léger – 3 stress élevé – 4 danger |
Adaptation dans la conception des bâtiments
Le THI présenté précédemment traduit l’inconfort des vaches en situation de température et d’hygrométrie élevées mais ne tient compte ni des radiations (soleil, sol, matériaux du bâtiment etc.) auxquelles elles sont soumises ni des mouvements d’air. Ainsi, pour améliorer le confort des laitières dans un contexte de chaleur chaude et humide, il reste quelques leviers possibles.
Avant toute chose, de l’eau à volonté
En période chaude, les vaches peuvent boire jusqu’à 140 litres chacune par jour. Elles boivent souvent au même moment et par grandes quantités. En bâtiment, chacune doit disposer de 10 cm
d’accès à l’eau, 20 % du troupeau doit pouvoir boire simultanément. Pensez à vérifier les débits d’eau des abreuvoirs (18 L / min par accès, accès pour une vache : 50 cm) et complétez avec des abreuvoirs à réserve d’eau si les débits ne sont pas suffisants. Dans ce cas, veillez au renouvellement de l’eau pour sa fraicheur et sa qualité sanitaire. à la conception du bâtiment, les couloirs devront être suffisamment larges pour conserver une circulation fluide autour des abreuvoirs.
Offrir de l’ombre aux vaches
En leur laissant accès au bâtiment pendant les heures les plus chaudes de la journée, on leur épargne les radiations directes du soleil mais encore faut-il que le bâtiment, par sa conception, n’accumule pas la chaleur et que les vaches ne soient pas privées du vent dont elles pouvaient bénéficier à l’extérieur.
Choisir les bons matériaux
Certains matériaux exposés au soleil vont avoir tendance à accumuler la chaleur et à la restituer à l’intérieur du bâtiment. C’est le cas notamment du béton qui va continuer à diffuser sa chaleur la nuit. La tôle, surtout de teinte foncée, va avoir tendance à capter les radiations du soleil et à la restituer directement sous forme de chaleur dans le bâtiment. Il est préférable, sur les façades les plus exposées au soleil, d’éviter ces matériaux et de privilégier le bois ou les filets brise vent.
Par effet serre, les plaques de translucides en toiture vont surchauffer l’intérieur du bâtiment. Elles représentent souvent 10-15 % de la surface de toiture. Pour les bâtiments destinés à abriter les vaches en période estivale, il faudrait réduire ce ratio à 5-8 %. Pour la luminosité, les translucides sont à privilégier en façade où ils seront moins exposés au soleil en été et où ils permettront un bon éclairage l’hiver lorsque le soleil est plus bas dans l’horizon. Les fabricants proposent maintenant des matériaux translucides isolants à positionner aussi bien en façade qu’en toiture (plaques, dômes, faitière …).
L’isolation en toiture du bâtiment améliore significativement le confort thermique des vaches en été. Il évitera par ailleurs les phénomènes de condensation en hiver. L’investissement est d’environ 25 € / m². Il est à conseiller sur les bâtiments neufs ou à l’occasion d’une réfection de toiture
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Augmenter la vitesse de l’air dans le bâtiment par des bardages modulables
Alors que l’objectif, en hiver, est de réduire à moins de 0.5 m/s la vitesse de déplacement de l’air dans le bâtiment, on cherche, en été, à atteindre 5 m/s sans descendre en-deçà de 2 m/s. Sous le climat continental et montagnard du Jura, on réduit les courants d’air en hiver à hauteur des animaux en utilisant des matériaux pleins jusqu’à 2 m de hauteur et des matériaux ventilants ralentissant la vitesse de l’air au-dessus. L’été, l’idéal est de tout ouvrir, ou d’ouvrir à des hauteur de animaux et conserver un matériau ventilant en hauteur servant de pare soleil. Ces les systèmes modulables permette la régulation des entrées d’air en situation hivernale ou estivale sont à privilégier. Ils peuvent être actionnés manuellement, motorisés voire automatisés.
Augmenter la vitesse de l’air dans le bâtiment par la ventilation forcée
Également pour augmenter la vitesse de circulation de l’air dans les bâtiments, il est possible d’installer des ventilateurs. Suivant les modèles, ils sont plus ou moins bruyants et energivores. L’IDELE a testé en 2019 plusieurs modèles de ventilateurs et conclut qu’ils doivent être installés à une distance bien plus rapprochée les uns des autres.
Doucher ou brumiser les animaux
L’évaporation de l’eau fait baisser la température. Ainsi, le douchage ou la brumisation peuvent être des solutions pour rafraichir les animaux s’ils sont couplés à une ventilation efficace. Sans une ventilation efficace, ils augmentent l’hygrométrie de l’air rendant la chaleur encore plus difficile à supporter par les animaux. Mal gérés ils humidifient le bâtiment et la litière engendrant des risques de mammites et de pathologies du pied.
Philippe PROST, Conseiller en bâtiment Source : IDELE, Cniel, l’Eleveur laitier, Eurodairy
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