Coût d’élevage des génisses et gestion des effectifs
Le coût d’élevage des génisses est une thématique qui revient de plus en plus souvent dans la recherche d’optimisation technico-économique. C’est par exemple un levier fréquemment travaillé dans les prestations AGRILEAN en partenariat Eva Jura – CERFRANCE – Chambre d’Agriculture du Jura.
Si l’élevage des génisses a forcément un coût, il garantit également la pérennité de l’exploitation, le renouvellement et le progrès génétique du troupeau. La recherche de l’optimum technico-économique passera donc par un équilibre : l’enjeu sera d’élever le « bon » nombre de génisses selon les moyens de production à disposition et de maîtriser le coût moyen.
Elever trop de génisses, par habitude, par passion, par crainte de manquer de renouvellement, peut conduire à une réforme précoce de vaches laitières encore bonnes productrices. Un nombre trop important de génisses par rapport aux moyens de production disponibles (places en bâtiment, main d’œuvre, stocks fourragers…) peut conduire à une moindre performance dans ce poste.
A contrario, ne pas élever un nombre de génisses suffisant diminuera la rapidité du progrès génétique de l’exploitation sur des critères fixés par l’éleveur. Cela peut également obliger l’éleveur à faire faire la « lactation de trop » à des vaches laitières qui auraient dû être réformées (cellules, boiteries…), avec à la clé une détérioration des performances de l’atelier lait et une diminution des prix de vente des réformes quand leur état général est affecté.
Évaluation du coût d’élevage d’une génisse
De nombreuses publications font état d’un coût d’élevage des génisses au niveau national. Il faut être attentif à ce qui est compris dans ce coût d’élevage pour pouvoir comparer efficacement ! Le coût d’élevage de la génisse s’entend de la naissance au vêlage et se décompose en plusieurs postes :
– Les charges opérationnelles, comprenant l’identification, les aliments, la litière, les frais sanitaires, de reproduction, de pension éventuelle etc… Dans le coût alimentaire, le fourrage produit sur l’exploitation pourra être (ou non) affecté d’une valeur économique, par exemple à hauteur du coût de production des fourrages.
– Les charges de structures, affectant une quote-part des charges fixes à l’élevage des génisses (eau, électricité, fermage, assurances, amortissements etc…).
– Le temps de travail : dans certaines études, le temps consacré aux soins et à la surveillance des génisses est valorisé à hauteur du SMIC horaire par exemple.
Les conditions particulières de chaque élevage peuvent faire varier le coût d’élevage des génisses selon la prise en compte ou non de certains postes : Les surfaces dédiées aux génisses sont-elles en propriété ou en fermage ? Les bâtiments des génisses sont-ils neufs ou amortis ? La main d’œuvre est-elle en partie salariée ?
Dans le cadre des groupes Coûts de Production sur le secteur de Nozeroy, le coût d’élevage d’une génisse de la naissance au vêlage, sur les charges opérationnelles, a été évalué chaque année en moyenne pour le groupe. Il s’agit d’élevages différents d’une année sur l’autre.
Dans les prestations individuelles réalisées par nos services, le coût alimentaire total moyen s’élève à 500 €/génisse. Ce poste est très variable et doit être en cohérence avec la stratégie d’âge au premier vêlage de l’exploitation.
A titre de comparaison, en incluant les charges de structure (non prises en compte dans nos groupes, en raison de la disparité notamment fiscale autour des amortissements bâtiments), à l’Ouest le coût total d’élevage d’une génisse tourne autour de 1 500 €.
– Chambre d’Agriculture du Nord-Pas-de-Calais, données comptables 2018 sur 141 élevages : coût de production moyen de 1 430 €/génisse, dont 700 €/génisse de coût alimentaire (charge la plus variable).
– Littoral Normand annonce un coût d’élevage moyen de 1 520 €/génisse sans compter la main d’œuvre.
Leviers possibles pour optimiser l’élevage des génisses
Pour les passionnées de l’élevage de génisses, pas de crainte : l’objet de l’accompagnement n’est pas de réduire drastiquement l’élevage ou d’aller à l’encontre d’un atelier d’élevage destiné à la vente de génisses prêtes à vêler. L’enjeu est de maintenir un élevage de qualité, de travailler sur les pratiques pour gagner en performance économique mais aussi technique ! Quelques leviers possibles :
• Réaliser un schéma de troupeau selon les besoins en renouvellement (croisière, augmentation de cheptel, soucis sur le troupeau…) et les souhaits de commercialisation pour déterminer les effectifs à chaque étape.
• Raisonner les possibilités d’élevage en fonction des disponibilités fourragères et des coûts des éventuelles pensions. Un travail sur la gestion des surfaces peut s’avérer payant ! Et pourquoi pas intégrer des prairies temporaires dans une rotation avec des surfaces en céréales pour fournir de la paille, selon la situation du parcellaire.
• Sélectionner les génisses qui valent la peine d’être élevées :
o Accoupler les vaches sur lesquelles on ne souhaite pas élever de descendance avec du croisement viande.
o Choisir précocement les meilleures génisses à élever et vendre les autres veaux femelles, notamment avec l’aide du génotypage.
• Choisir un mode d’allaitement. En lait AOP Comté, hormis dans le cadre d’un dépassement de productivité, le lait en poudre s’avère plus économique.
• Maîtriser les charges sanitaires et limiter la mortalité notamment de 0 à 3 mois, en distribuant un colostrum de qualité, en assurant la santé du veau, en intégrant des pratiques de prévention…
• Mesurer les génisses à chaque étape, pour déceler des périodes creuses à travailler et pour les mettre à la reproduction dès le gabarit atteint selon les objectifs d’âge au premier vêlage.
• Etablir une ration cohérente selon les objectifs d’âge au premier vêlage.
• Détecter efficacement les chaleurs et avoir des génisses gestantes selon les objectifs (pas de surchargement du bâtiment, investissement dans un détecteur au besoin, constats de gestation avant la mise en pâturage…).
Vous souhaitez calculer le coût d’élevage des génisses sur votre exploitation et travailler sur ce poste : Eva Jura vous accompagne dans le cadre d’une prestation individuelle en partenariat avec le CERFRANCE (facturée 589 €) et dans les formations Coûts de Production coanimées avec la Chambre d’Agriculture du Jura (financement VIVEA).
Vos conseillers de secteur peuvent également organiser des groupes d’échange sur les génisses pour échanger plus largement sur toutes les thématiques techniques, de la naissance du veau au vêlage des primipares.
Valentine LAURES, Conseillère technique d’élevage
En collaboration avec Stéphanie ROY, Conseillère technique d’élevage
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