
Les vaches taries sont trop souvent le parent pauvre de nos élevages. C’est pourtant la période la plus importante du cycle de production de la vache pour assurer un renouvellement de qualité. La carrière de la génisse ne commence pas à sa naissance mais bien avant. Si cette période est réussie, nous assurons un début de vie optimal pour la future génisse. Le tarissement et la préparation au vêlage auront des impacts importants sur les conditions de vêlage et la viabilité du veau par la suite. Dans cet article, vous trouverez quelques conseils pour garantir un tarissement réussi.
1ère étape : Un tarissement réussi c’est le premier pas vers un vêlage réussi

Cette étape a des impacts indirects sur la future génisse. C’est en fin de gestation que le veau se développe le plus. Il est donc important que la mère ne prenne pas trop d’état corporel pendant celui-ci. L’alimentation de la vache tarie est donc très stratégique, mais aussi la complémentation en minéraux, oligo-éléments et vitamines.
Le régime spécial vache tarie
Il faut couvrir les besoins énergétiques pour assurer la croissance du fœtus tout en maîtrisant la NEC (Note d’État Corporel) de la mère. L’animal peut reprendre de l’état mais ceci ne doit pas dépasser + 0,5 point de NEC durant le tarissement.
La concentration optimale de la ration est de 7,5 UFL/ j / VL. Le ruminant doit ingérer entre 10 et 12 kg de MS de fourrage assez fibreux et grossier pour garder un volume ruminal conséquent. En effet, l’utérus se développe de plus en plus, laissant peu de place au rumen. L’apport de concentrés est aussi très important pour garder une flore ruminale diversifiée, sans oublier une complémentation en minéraux spécifiques à la vache tarie.
Exemple rations foins VT (Vache Tarie) :
- o 10 kg de MS de foin à 0,65 UFL
- o 1kg de tourteau de soja.
- o Minéral spécial vache tarie pour maintenir une BACA* négative
*BACA : balance alimentaire cation-anion impliquée dans l’équilibre acido-basique sanguin de la vache
Exemple ration ensilage VT :
- o 10/15 kg d’ensilage de maïs
- o Foin de qualité moyenne
- o 1kg de tourteau de soja
- o Minéral spécial vache tarie à BACA négative.
Attention ! Tous les fourrages ne sont pas compatibles pour une ration VT.
Foin
Pâture de qualité moyenne Ensilage herbe épié + Foin ou Ensilage maïs + Foin |
OUI |
Herbe jeune et ensilage d’herbe précoce Pulpes, betteraves Choux, colza, luzerne, trèfle Régime riche en Ca, en N soluble, Ensilage mal conservé |
NON, danger |
Source : Patrice DUBOIS, 2004
Les conséquences d’une mauvaise alimentation pour le futur veau
La concentration en énergie impacte la viabilité des veaux. Une ration déficitaire en énergie augmente la mortalité :
- o 5,5 UFL/jr 14% de mortalité
- o 6,5 UFL/jr 5 à 13 %
- o 7,5 UFL/jr <5%
A contrario, une alimentation trop riche en énergie peut entraîner des problèmes mécaniques au vêlage dû à de trop gros veaux. De plus, une vache grasse au vêlage sera plus susceptible de déclarer des maladies métaboliques telles que l’acétonémie ou la fièvre de lait en début de lactation.
La complémentation en minéraux, oligo-éléments et vitamines : la clé pour un bon vêlage
La complémentation en minéraux, oligo-éléments et vitamines est une des priorités au tarissement. Non seulement pour la vache tarie mais aussi pour la future génisse. C’est le principal atout contre les pathologies des veaux. En effet, cette complémentation joue un rôle sur les conditions au vêlage, la qualité du colostrum ainsi que la résistance des veaux. Les minéraux sont essentiels pendant cette période car c’est le moment où le fœtus atteint son pic de croissance. La mère a donc besoin de ces éléments pour subvenir à ses besoins mais également à ceux de son petit. En fin de gestation, le veau est un gros consommateur de minéraux comme le calcium et le phosphore mais aussi d’oligo-éléments tels que le Zn, Mn, Cu, Se, I et la vitamine A. Ceux-ci vont lui permettre de finaliser son système nerveux, son immunité ainsi que la construction de son squelette.
2ème étape : Préparation au vêlage dernière ligne droite vers la naissance de la génisse
La préparation au vêlage est la seconde étape de ce que nous appelons communément le tarissement. La préparation au vêlage doit idéalement durer un mois. Elle permet de préparer au mieux la vache pour le vêlage :
- – Préparer les papilles du rumen à valoriser la future ration vache laitière.
- – Stimuler l’appétit de la mère.
- – Obtenir de bonnes conditions de vêlage.
- – Avoir un veau en bonne santé.
L’alimentation idéale en préparation au vêlage
L’alimentation « prépa-vêlage » est légèrement différente de la première étape du tarissement. Un mois, c’est la durée optimale de préparation au vêlage. En effet, il faut trente jours pour remettre en place la flore amylolytique dans le rumen. La VT doit ingérer au minimum 12 kg de MS dont 10 kg de MS fourrage.
Il faut donc apporter un grand soin à la distribution des concentrés pour développer la flore ruminale adéquate dans le rumen. Durant la préparation vêlage, l’animal doit recevoir quotidiennement une certaine quantité de concentré. L’augmentation de celle-ci doit être progressive, à raison d’un kilo supplémentaire par semaine maximum. Ainsi au vêlage, la vache est déjà capable de valoriser 3kg de concentrés.
Complémentation en minéraux, oligo-élément et vitamines pendant la préparation au vêlage
Au cours de ces trente jours de préparation, la complémentation en minéraux, oligo-éléments et vitamines est très importante, particulièrement pour le magnésium. L’apport de ce dernier sous différentes formes est très bénéfique pour le métabolisme de la vache. Il impacte fortement la qualité de la délivrance et permet de maintenir une BACA négative. Nous conseillons donc d’apporter trente jours avant vêlage :
- – 30g d’Oxyde de Magnésium /VL/jour
- – 70g de Chlorure de Magnésium /VL/jour
- – 100 à 150g de complément minéral et vitaminique spécial vache tarie
L’élevage de la génisse commence donc bien avant sa naissance, et c’est pour cela que le tarissement doit être réalisé dans les meilleures conditions possibles. Il est important de créer des lots spécifiques vaches taries, indépendants des vaches en lactation, pour avoir une conduite d’élevage spécifique. Pour conclure, il faut donc essayer de préparer au mieux nos vaches pour assurer un démarrage optimum de la génisse, future vache laitière.
Nos conseils :
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Sónia Teixeira, Conseillère technique d’élevage
sonia.teixeira@evajura.com
Sources :
- Deltavit, 2022 : : https://www.deltavit.com/vachelaitiere/bien-tarir-pour-bien-produire
- Patrice Dubois, 2004 : http://www.fidocl.fr/sites/default/files/alimentation_des_vaches_taries.pdf
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